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10.03.2013

La voie du monde

Des grands et des petits la putain est la mère,
Et nous sommes toujours aussi chers à ses yeux,
Monstres et scélérats que bons et vertueux. (Sade, in La vérité)

J'ai enfin compris et surtout accepté le fait qu'il n'y a qu'un seul chemin dans cette vie et que c'est celui de la réalité. Et cette dernière n'a que faire de la morale, qui n'est qu'un jugement humain. La réalité sanctionne, impitoyablement, mon comportement, adapté ou non : dans le premier cas, je prospère, dans le second, je dépéris. Jusqu'à présent, j'ai fonctionné, plus ou moins consciemment, en fidélité à ce "complexe de protestant" que j'ai déjà évoqué par ici, à cette idée qu'en étant un chic type, je serais récompensé. Quand j'y songe, c'est fou comme je peux m'accrocher à cette superstition, pourtant systématiquement contredite par les événements de mon existence. Mais j'en ai vraiment assez. Assez d'attendre mon tour à la faveur de circonstances favorables. Assez de faire preuve d'une gentillesse qui n'est au fond que faiblesse et qu'autrui voit bien comme telle, même s'il a parfois la politesse de s'essuyer les pieds avant de me piétiner. Assez de m'épuiser à retenir ce qui me fait peur depuis tant d'années, mais qui se révèle bêtement comme ma force vitale, ma volonté de puissance, mon impulsion à suivre la grande et éternelle Loi.

Hurler à la mort et dévorer le soleil.

26.02.2013

Prendre sa place

Je dois m'occuper d'être heureux. (Albert Camus, in L'État de siège)

La rencontre d'une jeune femme étonnante chez un ami, l'autre soir. De nouvelles circonstances, notamment professionnelles, qui font écho à une ancienne problématique : je manque cruellement de confiance en moi et je sabote mon propre bonheur. Comme si je ne méritais pas d'être heureux, comme si, aussi, il y avait quelque supériorité morale à n'être pas heureux, grand thème romantique qui traverse l'histoire du monde. Mais cette idée ne vaut rien. Personne ne compte les points de souffrance et aucune médaille du Juste n'est remise au plus martyr. Non, la vie passe, seulement et les malheurs frappent les sages comme les insensés, jusqu'à la mort, qui elle non plus n'en épargne aucun. J'ai relu, il y a peu, des ouvrages sur la prétendue loi d'attraction : il suffirait de désirer quelque chose pour qu'elle se manifeste. Pensée magique. Lui préférer Coué, qui a montré la puissance de l'autosuggestion, en restant dans le raisonnable, en homme de bon sens qu'il était. Prendre ma place, donc, parce que personne ne le fera pour moi. Croire en moi, en mes possibles. Et trouver mon oiseau bleu.

16.02.2013

Renuntiare

Je change, en ce moment. C'est une impression étrange, comme une lente décantation. Dieu persiste, cette fois. Ou sans doute serait-il plus juste de dire que je persiste. Mais cela sans efforts, je me sens comme emporté, enfin tourné dans la bonne direction. J'ai couché avec B., hier soir. Dès le début de la soirée et en amont même de celle-ci, j'ai su que c'était une erreur. Je n'arrêtais pas de penser à C. et j'ai vécu l'acte en lui-même comme une trahison, outre que la demoiselle ne me plaisait pas plus que ça, voire, même si c'est terrible à formuler, me répugnait, une fois entièrement exposée à mon regard. Je n'avais qu'une hâte, qu'elle parte. La nuit fut longue... Et notre séparation, expéditive. Dans l'après-midi, un malaise presque physique. Instinctivement, je me suis rendu dans une petite église de mon habitude. Pleurs des tréfonds, dans cette crypte froide et silencieuse. Puis le calme. Jusqu'à ce que je sois dérangé par deux dames jouant les touristes. La foule, ensuite. Les livres, dans le centre commercial. Une jeune femme, qui a attiré mon regard. Je n'ai pas osé l'aborder. Dommage, je crois qu'elle m'avait repéré aussi. Mais. Apprendre peut-être à tenir debout, à être un homme, un vrai, à vivre, en somme, avant de prétendre à l'amour. L'annonce de la renonciation de Benoît XVI m'a touché. Si cet homme-là, avec la charge qui est la sienne, peut renoncer, au titre de sa fragilité, alors je peux bien, moi, être insignifiant, renoncer à mon passé douloureux. Renoncer aussi à cette course folle et orgueilleuse pour avoir mieux que le voisin. Etre, tout simplement : un beau travail, déjà.