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10.03.2013

La voie du monde

Des grands et des petits la putain est la mère,
Et nous sommes toujours aussi chers à ses yeux,
Monstres et scélérats que bons et vertueux. (Sade, in La vérité)

J'ai enfin compris et surtout accepté le fait qu'il n'y a qu'un seul chemin dans cette vie et que c'est celui de la réalité. Et cette dernière n'a que faire de la morale, qui n'est qu'un jugement humain. La réalité sanctionne, impitoyablement, mon comportement, adapté ou non : dans le premier cas, je prospère, dans le second, je dépéris. Jusqu'à présent, j'ai fonctionné, plus ou moins consciemment, en fidélité à ce "complexe de protestant" que j'ai déjà évoqué par ici, à cette idée qu'en étant un chic type, je serais récompensé. Quand j'y songe, c'est fou comme je peux m'accrocher à cette superstition, pourtant systématiquement contredite par les événements de mon existence. Mais j'en ai vraiment assez. Assez d'attendre mon tour à la faveur de circonstances favorables. Assez de faire preuve d'une gentillesse qui n'est au fond que faiblesse et qu'autrui voit bien comme telle, même s'il a parfois la politesse de s'essuyer les pieds avant de me piétiner. Assez de m'épuiser à retenir ce qui me fait peur depuis tant d'années, mais qui se révèle bêtement comme ma force vitale, ma volonté de puissance, mon impulsion à suivre la grande et éternelle Loi.

Hurler à la mort et dévorer le soleil.

Commentaires

Bonjour:)
"Assez de m'épuiser à retenir ce qui me fait peur depuis tant d'années, mais qui se révèle bêtement comme ma force vitale, ma volonté de puissance, mon impulsion à suivre la grande et éternelle Loi".
c'est quoi qui vous fait peur depuis tant d'années?
Sinon, je ne sais pas , si en bafouant la morale, on arrive à quelque chose?
ça peut soulager un temps, mais aprés?

Écrit par : gladis | 12.03.2013

@gladis

>> Bonjour à vous :)

"""""c'est quoi qui vous fait peur depuis tant d'années?"""""

>> Je dirais, même si ça peut sembler étrange, ma force. J'ai l'impression de me retenir en permanence pour ne pas blesser autrui, pour ne pas imposer ma volonté, pour ne pas vivre selon ma nature profonde, en fait. Le problème, c'est que de retenue en retenue, j'ai perdu tout élan vital et que les autres en profitent. Un exemple tout bête : une amie très chère considère que ses proches, dont je suis, devrait être joignable tout le temps et surtout lorsqu'elle l'a décidé. L'autre jour, je n'ai pas répondu et j'ai eu droit à un message faussement moqueur sur mon répondeur où l'idée était tout de même que j'aurais dû répondre sur le champ, bref, que je devrais être à disposition de mademoiselle. C'est banal et dérisoire, mais ça illustre bien mon propos : ma retenue est prise pour de la faiblesse et cette dernière appelle tôt ou tard une forme ou une autre d'aliénation. Et ça, je n'en veux plus.

"""""Sinon, je ne sais pas , si en bafouant la morale, on arrive à quelque chose?"""""

>> "Bafouer la morale" implique que la morale existe, or c'est ce que je conteste dans cette note. L'univers se contrefout de mon "droit" : si demain je croise la route d'un psychopathe, soit je suis assez compétent (combat, fuite) pour m'en sortir, soit j'y laisse ma peau : la seule vérité de ce monde est technique, pas morale. La lecture de Sade est très éclairante là-dessus. Le seul reproche que je ferais au Marquis, c'est, de façon assez amusante, de s'accrocher à la morale : il parle sans cesse de "vices" et de "vertus", par exemple. Mais il n'y a ni vices, ni vertus, il n'y a que des comportements adaptés, ou inadaptés, à la réalité, en vue d'un objectif donné. Pour vous répondre, donc, non, je ne vais pas me transformer en tueur en série, mais je vais aborder le monde d'une manière très différente et à mon avis beaucoup plus saine.

Écrit par : Sadamiel | 12.03.2013

: "la seule vérité de ce monde est technique, pas morale."
c'est vrai en partie. Disons que ne pas realiser cela va amener tot ou tard à la deception.
Perso, j'aime bien tout ce qui est technique, savoir les mécanismes, au niveau social et humain, sortir les grandes tendances. Pour moi, ça a un coté rassurant, car si on sait comment ça marche, on sait comment reparer. Neanmoins, le coté technique, meme si il est incontournable est insatisfaisant. On peut le dépasser avec les qualités humaines(la morale?).
si on s'en tient qu'au coté technique on atrophie son coeur.

Écrit par : gladis | 14.03.2013

@gladis

"""""si on s'en tient qu'au coté technique on atrophie son coeur."""""

>> Je ne sais pas, mais je ne crois pas. Je crois en revanche que ça implique de se délester de tout un sentimentalisme, qu'on prend pour son coeur mais qui n'est en fait que le "sac à déchets" affectifs (culpabilisations diverses, peurs, fantasmes...) de la société en général et de nos familiers en particulier.

Je rajouterais : cela exige une solitude absolue, terrifiante, comme si rien, jamais, n'avait existé, comme s'il fallait découvrir le monde pour la première fois...

Écrit par : Sadamiel | 15.03.2013

j'aime bien ce que vous ecrivez.
Je suis à la recherche d'une pureté.Je ne sais pas si ça existe, je ne sais pas le chemin pour y arriver. Si vous y arrivez , vous, dites le moi....
Je suis tellement lasse mais la solitude me fait peur, c'est un peu un echec, je trouve.

Écrit par : gladis | 17.03.2013

@gladis

"""""Je suis à la recherche d'une pureté."""""

>> Moi aussi, mais je crois que c'est ça le problème. Comme l'écrivait Cioran, "la foi est une imagination qui refuse le concret". Cet absolu, cette pureté que nous cherchons, ne sont qu'illusions face à la brutalité du monde, à son inconséquence. D'où la nécessité de vider une bonne fois ce "sac à déchets" dont je vous parlais et au-delà de travailler au corps les utopies que l'on entretient sur la réalité. Exemple, dont nous discutons chez vous, de la séduction : il y a la théorie, issue des contes pour enfants et puis il y a la pratique, qui démolit tout ça.

"""""Je suis tellement lasse mais la solitude me fait peur, c'est un peu un echec, je trouve."""""

>> Là où j'en suis, c'est un prérequis. Me retirer un temps des influences extérieures pour mettre ma maison en ordre et balancer tout ce qui ne m'est pas utile.

Écrit par : Sadamiel | 18.03.2013

"la foi est une imagination qui refuse le concret".

et finalement, en quoi le concret serait supérieur à l'imagination?
:)
si on vit dans une bulle, volontairement en quoi ça serait pire que de vouloir à tout prix affronter une realité moche?
moi, je garde une part de foi. Un petit ilot. j'ai pas forcement envie d'affronter, je ne crois pas que je m'en porterai mieux, sauf à devenir cynique et ça , ça me bouffe moralement.


"Me retirer un temps des influences extérieures pour mettre ma maison en ordre et balancer tout ce qui ne m'est pas utile."

ça c'est bien:) moi j'avais tenté l'experience par le "vide". Je crois qu'on a peur de manquer.J'avais commencé par vider ma maison concretement. Ne plus acheter grand chose, rationaliser au max. J'en etais arrivé au stade technique, presque à devenir une machine avec un rendement optimal, en ayant enlevé les affects, les sentiments. mais c'est parti un peu loin... j'avais enlevé aussi l'originalité, l'imprevu. En fait quand j'ai voulu faire ce travail interieur, j'ai fait ce grand tri exterieur, matériel. C'est passé par les objets, la consommation, ça a derivé vers les liens amicaux affectifs. Pour moi , le plus dur c'est l'affectif. Je me suis apperçue qu'il n'y avait pas grand chose qui manquait au final.ça a été rassurant.

Écrit par : gladis | 19.03.2013

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