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19.07.2020

Laisse aller

Première séance de yoga nidra, il y a quelques jours. Même si elle est souvent présentée ainsi par chez nous, cette technique va bien au-delà de la simple "relaxation profonde". J'ai en effet ressenti physiquement un bloc de résistance à mesure que je me détendais, comme si mon corps-esprit craignait de se dissoudre sur place. Je n'aurais pu choisir meilleur sankalpa que celui qui donne son titre à ce billet...

Et puis. La cohabitation avec S. me pèse. Ce qu'elle pense et ce qu'elle peut dire à mon sujet m'obsède, au point d'imaginer maints stratagèmes pour savoir sans néanmoins passer à l'acte. Orgueil délirant et fantasme de possession. Mais personne n'appartient à personne et chacun garde son mystère.

 

26.06.2020

Nouveau chapitre

Eh bien voilà, c'est fini avec S., après presque cinq ans de relation, dont trois de vie commune. C'est elle qui a pris l'initiative de la rupture, mais une fois passé le choc émotif, je ne peux qu'être d'accord avec elle. Pire, je me sens soulagé du poids de toutes ces années d'efforts, de disputes, de frustrations. Non pas que nous n'ayons pas eu des jours heureux, bien au contraire. Mais fondamentalement, nous ne nous correspondions pas, en tout cas pas au plan amoureux. S. restera probablement, je l'espère, une amie complice. A l'heure où j'écris ces lignes, j'éprouve une impression étrange, comme un vertige de liberté. Malgré l'incertitude liée à l'inconnu de ce qui m'attend, je veux raisonnablement croire à mon bonheur possible. Sans trompettes ni fanfare.

Continuer à marcher.

17.06.2020

S'extirper

La vie, c'est comme une forêt où, toujours, on découvre des poteaux indicateurs et des repères, jusqu'au moment où on n'en rencontre plus. Et la forêt est infinie et la faim ne cesse qu'avec la mort. Et toujours on avance dans des couloirs d'où l'on ne peut jeter un regard à l'extérieur. Même l'univers est trop étroit en certains cas. Mais je refuse d'indiquer à qui les ignore les chemins qui mènent au point où j'en suis à présent. Je travaille avec mes conceptions durement arrachées au chaos, par moi seul. (Thomas Bernhard, in Gel)

La grande fatigue de l'existence humaine n'est peut-être en somme que cet énorme mal qu'on se donne pour demeurer vingt ans, quarante ans, davantage, raisonnable, pour ne pas être simplement, profondément soi-même, c'est-à-dire immonde, atroce, absurde. Cauchemar d'avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, surhomme du matin au soir, le sous-homme claudicant qu'on nous a donné. (Louis-Ferdinand Céline, in Voyage au bout de la nuit)

Me rendre à l'évidence : je ne suis pas "bon", pas bon du tout, même : je mens, je manipule, je fomente des intrigues. Pis, je prends plaisir à tout cela, malgré une angoisse signant mon désir faible, à la Saint Paul : "je ne fais pas le bien que je veux...", etc. Au lieu d'assumer, une bonne fois, ce que je suis de toute éternité. Il y a du Sade là-dedans : la nature est cruelle, j'ai le droit de l'être aussi. Et puis. La nécessaire solitude. Plus j'avance et plus je m'éloigne de cette grande mascarade que mes contemporains appellent le monde. Il n'y a aucun monde, aucun paysage d'ensemble... que des fragments épars, flottant çà et là sur les rivages de l'absurde. Dieu, la grande affaire, ne résiste guère au repos du système nerveux. Etre soi, rien que soi, mais tout soi et se donner une âme au moyen du calme et de la volonté.