07.11.2008
Délire
Moi, si "intelligent", je n'utilise finalement que très peu mon cerveau pour avancer dans la vie. Je ne réfléchis pas, je raisonne, en pur formaliste et partant, en bout de course, je résonne, dans le vide sidéral d'un esprit qui a évacué les faits. Un cerveau pour agir, écrivait Laborit, c'est-à-dire un cerveau pour opérer au quotidien le nécessaire processus d'adaptation à/accommodation de la réalité. Evidemment, le délire se révèle plus facile et permet même d'obtenir quelque gratification narcissique : c'est ainsi qu'autrui exprimera son admiration de votre "génie" conceptuel et louera votre "sagesse".
Et puis tout soudain, le "génie" cède la place au constat terrible de n'avoir rien construit et la "sagesse", au regret amer de n'avoir rien vécu.
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27.10.2008
Antihéros
Je m'aperçois que je n'arrête pas de me battre contre moi-même, parce que je ne me trouve pas assez bien, parce que je veux devenir quelqu'un, figure mythique aux traits magnifiés, héros d'une histoire imaginaire que je me conte à moi-même depuis des années. Et puis, il y a quelques jours, une prise de conscience : je peux m'accepter tel que je suis ; je suis déjà "assez" tout ce que je veux pour m'accorder de la valeur, non pas parce que je possède telle ou telle caractéristique, mais parce que j'existe, parce que je suis un être humain. Il ne s'agit pas là d'une quelconque complaisance envers moi-même, afin de me dispenser de l'effort nécessaire au changement. Non, c'est au contraire un préalable, acte de reconnaissance plénière de la réalité : c'est ainsi que je suis, ici et maintenant et malgré tout, je suis déjà tout à fait valable en tant qu'être humain. Bien sûr, il y a des choses que je désire changer, mais cela n'attente pas à ma valeur intrinsèque. Je préfère une vie amoureuse et sexuelle épanouie à une vie de moine, c'est entendu, mais cela n'implique pas que, menant une vie de moine, je n'aie aucune valeur. Ca n'a l'air de rien, mais c'est en fait un complet renversement de perspective : jusque là, je croyais devoir changer pour, à terme, m'accepter et m'accorder enfin quelque valeur. A présent, j'ai compris que j'avais déjà de la valeur, qu'elle ne pouvait m'être enlevée et que les changements prévus avaient pour seule vocation à augmenter mon plaisir de vivre.
Soupir d'Atlas.
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Prendre la vie au sérieux
J'ai vu Paris, de Cédric Klapisch, il y a peu. Ce film m'a beaucoup plu et ému aux larmes. Quelque chose a bougé en moi, imperceptiblement. Pierre, le personnage interprété par Romain Duris, risque de mourir et tout soudain son regard change sur la vie, le monde, les autres. Il y a aussi Roland Verneuil, incarné par Fabrice Luchini, qui vient de perdre son père et en souffre sans même le savoir. Lui non plus ne voit plus les choses comme avant et bouscule son existence. J'en viens à moi : j'ai le sentiment, ou plutôt la terrible certitude, d'avoir joué ma vie au lieu de la vivre réellement, jusqu'à présent. Comme si rien n'avait d'importance. Comme si, au fond, cela ne me concernait pas. Comme si tout allait rester à la même place pour l'éternité. Mais la réalité, c'est au contraire que tout se transforme, que mes proches vont mourir, que je vais mourir, que tout ça va finir, un jour. C'est drôle, parce que c'est une évidence. Que je n'avais jusque là pas intégrée. En fait, je réalise qu'il est impossible de flouer l'univers : être adulte, c'est peut-être d'abord accepter de vivre loyalement.
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