03.01.2012
Décanter
Oui, c'est le mot : la foi s'insinue en moi. Lentement, mais sûrement. Il y a cette gravité nouvelle... En l'écrivant, je m'aperçois du double sens du terme : l'existence qui s'éclaire d'une dimension tragique assumée et pourtant pleine d'espérance ; un centre retrouvé, je me sens plus ancré, moins bousculé par les urgences du quotidien. Sensation étrange : comme un appel à me laisser aller, à accepter ce qui m'arrive là, avec une telle douceur. Je résiste encore : pas si facile de céder. Et puis, j'ai peur. Où cela va-t-il me conduire ? Ne suis-je déjà pas assez différent des autres pour qu'il me faille encore en rajouter avec une foi profonde ?
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26.12.2011
Mûrir
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux [...] (Ecclésiaste 3:1)
Encore une de ces nuits où je ne dors pas. Comme si cet irrésolu fondamental qui me travaillle sans cesse empêchait mon repos. L'irrésolu en question, c'est celui du sens de tout ça, entendez la vie. Une anecdote : vendredi dernier, j'allais mal. A ma pause déjeuner, au lieu de manger, j'ai traversé la ville pour me réfugier – le mot est choisi – dans une église. Résultat : arrivé péniblement, j'ai trouvé porte close. Sur le moment, j'ai eu cette pensée étrange : Dieu lui-même m'a abandonné. Je songe aux existentialistes qui expliquent que l'homme est cet être jeté là, au-dehors, la conscience de sa finitude vrillée au coeur : comment n'y pas voir une analogie avec la notion chrétienne de chute ?
Il me manque l'enracinement. Cela se voit même dans ma façon de marcher : je sautille, je n'entre pas franchement en contact avec le sol, comme pour ne pas faire trop de bruit, ne pas gêner autrui par ma présence. Mon rapport au temps, aussi : je suis le lapin blanc d'Alice au pays des merveilles, éternel retardataire. Je me sens toujours pressé, même lorsque je n'ai rien d'urgent à faire. Pressé de vivre, parce que je n'ai rien vécu, que j'ai l'impression d'être l'idiot du village parmi les autres, au point de mentir, de prétendre être ce que je ne suis pas. Fatigué de mes masques.
Retrouver la parole juste. Pourquoi je n'arrive plus à écrire ? Peut-être parce que j'ai trahi les mots, à force d'en mésuser.
Il est temps de grandir.
[Musique écoutée pendant la rédaction de cette note : Roland de Lassus - Psalmus Primus Poenitentialis "Domine, ne in furore tuo arguas me"]
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23.12.2011
Malentendants
Cela faisait plusieurs semaines que nous parlions de nous faire un cadeau pour Noël. Je ne sais pas ce qui s'est passé. De retour d'un déplacement, je l'ai retrouvée étrange, comme changée. Distante. Pourtant, non. Elle reparle du cadeau, celui qu'elle va me faire. Je ne m'explique pas ma réaction : j'ai dit qu'elle mentait, qu'elle ne m'avait pas acheté de cadeau. Résultat : elle boude et ne m'offrira rien.
Je lui ai acheté un bijou, un bracelet argent orné d'un coeur plaqué or.
Il n'est que pour elle. Et je ne le lui offrirai pas.
Au moins m'épargné-je quelque ridicule.
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