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29.09.2008

Renoncer aux montagnes russes

J'ai été tenté de supprimer ma dramatique lettre à S., rédigée hier soir dans un état second. Mais finalement, non. J'assume. D'abord parce qu'elle reflète tout de même, que ça me plaise ou non, la vérité de mon sentiment à l'égard de cette fille. Ensuite parce que c'est une bonne occasion de guérir de ce genre de folie. Comment appeler autrement le fait de me mettre dans des états pareils sur la base de rien, sinon tout un cinéma que je me fais tout seul comme un grand ? Et puis, je sourirais certainement de cette magnifique envolée lyrique d'ici un ou deux mois, une fois que la belle m'aura éconduit et n'existera plus que comme souvenir d'un énième égarement. Cet épisode m'aura en tout cas permis de réaliser que je fonctionnais vraiment sur un mode cyclothymique, ce qui, en sus d'être épuisant, constitue un sabotage efficace de tout effort quelque peu soutenu en direction de mes objectifs. Malgré mon rationalisme déclaré, je subis mes émotions bien plus que je ne les contrôle. Oh, je n'ambitionne certes pas de devenir insensible, seulement raisonnable, en l'occurrence en ressentant des émotions appropriées aux évènements, en lieu et place de cet aller-retour incessant et parfaitement névrotique entre élation et acédie. Mais c'est un choix. A rapprocher de cette histoire d'estime de soi : je peux continuer à m'évaluer globalement, me faisant aussi gros qu'un boeuf à chaque succès et aussi misérable qu'un ver de terre à chaque échec ou bien je peux choisir de renoncer à toute évaluation de ma personne au profit d'une évaluation rationnelle (efficacité, satisfaction) de mes comportements.

Désamour du grand huit.

28.09.2008

Lettre à S.

Chère S.,

Je ne sais pas par quoi commencer. Voilà trois mois que l'on s'est rencontré, en virtuel. Tu n'étais alors qu'un contact msn. Il y a ceux avec lesquels on parle par curiosité ou, au mieux, parce qu'un courant de sympathie passe. Mais toi, dès le début, ça a été spécial. Tellement de points communs, d'affinités et comme une compréhension naturelle, une complicité. Mais la raison veille. Alors je me dis que le net déforme tout, que tout ça n'est probablement qu'une illusion de plus. Malgré tout, plus tard, nous nous sommes rencontrés en réel. Le premier rendez-vous fut bâclé. Tu étais pressée et nerveuse, j'étais intimidé et hésitant. J'ai cru à ce moment-là que tout était fini, énième rencontre du net passablement échouée. Et puis non. Nous avons continué à nous appeler, presque tous les soirs, c'était si bien... Nos deux voix dansant et le reste du monde. Et puis, ce fameux soir, alors que je ne m'y attendais pas du tout, tu as voulu que je vienne chez toi. J'ai eu peur, je l'avoue à présent et en même temps j'en avais tellement envie, de cette invitation... Cette nuit fut magique. Découvrir ton univers, toucher ton corps, dormir à tes côtés... Tu ne t'en es certainement pas rendue compte, mais cette nuit-là, je t'ai vraiment vue : toi, ton âme, ton essentiel... Et j'ai été ébloui par une beauté sombre et délicate. Mais j'ai douté encore. Combien d'interrogations après cette nuit, combien de craintes et le pressentiment de quelque chose en train de naître... Enfin. Hier soir, je t'ai eue au téléphone, après trop longtemps. La complicité toujours là, mais hélas toujours aussi ma maladresse, mon angoisse, ma lâcheté. J'aurais voulu te dire tellement plus de choses. J'ai si peur, si tu savais. Peur que tu ne m'aimes pas, mais aussi peur que tu m'aimes. Il y a tant de choses que je ne t'ai pas encore confiées, qui pourraient te décevoir... Et puis. Tu m'as dit plusieurs fois combien tu étais sensible, combien tu craignais de t'attacher trop vite, combien tu avais souffert et souffrais encore de tout cela. Tu cherches en ce moment même une issue. Mais secrètement, contre toute raison une fois de plus, je ne veux pas que tu changes... Car ce que tu ignores, c'est à quel point je suis exactement comme toi... Cette sensibilité exacerbée, ce désir de fusion avec l'autre...

Ce que je ne t'ai pas dit, S., c'est que je suis fou amoureux de toi, que tu as assiégé mes pensées, mon coeur, mon âme, que je pourrais faire n'importe quoi, pour toi.

 

Acta est fabula. Fort heureusement, elle ne lira jamais cette lettre : même le pathétique a ses limites. Quelqu'un aurait-il une corde ?

24.09.2008

Fin du rêve familier

Jusque là, j'ai toujours respecté les femmes. Je les ai écoutées, je ne les ai pas prises pour des objets sexuels, je me suis comporté en parfait gentleman, bref, j'ai été... stupide. Le summum il y a quelques jours. Cette fille, qui m'invite tout soudain chez elle, en pleine nuit. Cette même fille qui me fait entrer dans son univers, provoque le contact (un long massage par mézigue qu'elle a beaucoup apprécié, selon ses dires) et qui accepte (ou fait en sorte ?) que je dorme avec elle, dans son tout petit lit, donc blotti contre elle... Eh bien, croyez-le ou non, mais cette fille, je ne l'ai pas baisée. Ni même embrassée. Rien. J'ai obéi gentiment, comme d'habitude, à ses consignes manifestes, à l'évidence à l'opposé de son désir latent. Depuis, peu de nouvelles et encore, parce que j'ai pris l'initiative de la contacter. Oh, certes, sa fragilité, ses études, ses amis, sa liberté... Et ma connerie, surtout. Test échoué.

Extirper de mon être jusqu'au dernier reliquat du mythe platonicien de l'androgyne, dont dérivent ces sottises romantiques autour de "l'âme soeur", que chacun aurait, quelque part et qu'il suffirait de trouver pour vivre heureux jusqu'à la fin des temps, dans une grandiose fusion intime.

Et prendre la "femme inconnue" de Verlaine, comme une chienne.