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27.10.2008

Antihéros

Je m'aperçois que je n'arrête pas de me battre contre moi-même, parce que je ne me trouve pas assez bien, parce que je veux devenir quelqu'un, figure mythique aux traits magnifiés, héros d'une histoire imaginaire que je me conte à moi-même depuis des années. Et puis, il y a quelques jours, une prise de conscience : je peux m'accepter tel que je suis ; je suis déjà "assez" tout ce que je veux pour m'accorder de la valeur, non pas parce que je possède telle ou telle caractéristique, mais parce que j'existe, parce que je suis un être humain. Il ne s'agit pas là d'une quelconque complaisance envers moi-même, afin de me dispenser de l'effort nécessaire au changement. Non, c'est au contraire un préalable, acte de reconnaissance plénière de la réalité : c'est ainsi que je suis, ici et maintenant et malgré tout, je suis déjà tout à fait valable en tant qu'être humain. Bien sûr, il y a des choses que je désire changer, mais cela n'attente pas à ma valeur intrinsèque. Je préfère une vie amoureuse et sexuelle épanouie à une vie de moine, c'est entendu, mais cela n'implique pas que, menant une vie de moine, je n'aie aucune valeur. Ca n'a l'air de rien, mais c'est en fait un complet renversement de perspective : jusque là, je croyais devoir changer pour, à terme, m'accepter et m'accorder enfin quelque valeur. A présent, j'ai compris que j'avais déjà de la valeur, qu'elle ne pouvait m'être enlevée et que les changements prévus avaient pour seule vocation à augmenter mon plaisir de vivre.

Soupir d'Atlas.

Prendre la vie au sérieux

J'ai vu Paris, de Cédric Klapisch, il y a peu. Ce film m'a beaucoup plu et ému aux larmes. Quelque chose a bougé en moi, imperceptiblement. Pierre, le personnage interprété par Romain Duris, risque de mourir et tout soudain son regard change sur la vie, le monde, les autres. Il y a aussi Roland Verneuil, incarné par Fabrice Luchini, qui vient de perdre son père et en souffre sans même le savoir. Lui non plus ne voit plus les choses comme avant et bouscule son existence. J'en viens à moi : j'ai le sentiment, ou plutôt la terrible certitude, d'avoir joué ma vie au lieu de la vivre réellement, jusqu'à présent. Comme si rien n'avait d'importance. Comme si, au fond, cela ne me concernait pas. Comme si tout allait rester à la même place pour l'éternité. Mais la réalité, c'est au contraire que tout se transforme, que mes proches vont mourir, que je vais mourir, que tout ça va finir, un jour. C'est drôle, parce que c'est une évidence. Que je n'avais jusque là pas intégrée. En fait, je réalise qu'il est impossible de flouer l'univers : être adulte, c'est peut-être d'abord accepter de vivre loyalement.

18.10.2008

Les adieux...

- ... à la télévision. La meilleure série au monde ne compensera pas une seconde de vraie vie. Je laisse désormais le bonheur par procuration et l'hypnose sociale de la petite lucarne à d'autres.

- ... au cybersexe. Pitoyables jeux de dupes pour finir par s'exhiber, en toute indignité, devant une inconnue à l'autre bout de la France, le tout pour quelques secondes de plaisir, la honte et le dégoût de soi en plus. La prochaine fois que je jouirai avec une femme, ce sera en elle.

- ... à la nuit. Errance grandiose durant laquelle, souvent, les mots de Cioran m'ont traversé l'esprit : "Vais-je me tuer ou non d'ici l'aube ?". Il est grand temps d'arrêter le massacre. Avant qu'il ait lieu.

- ... aux livres. Oh, je ne vais pas arrêter de lire, non. Mais je vais lire différemment. Fin de la quête de la théorie, de la réponse, de la méthode ou du système. Foin des postures intellectuelles. La philosophie au feu du réel, le lettré dans la rue.

- ... à toi, S.. Il m'aura fallu du temps pour accepter ton rejet. Secrètement, j'attendais un signe de ta part, j'échafaudais mille plans pour t'enlever à celui que tu aimes. Plus maintenant. Je te souhaite d'être heureuse.

- ... au "vieillard". Celui que j'ai été se mue en souvenir. Avancer. Ecce homo.