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30.06.2013

Poule mouillée

La plupart du temps, je me sens coincé. Même seul, je ne parviens pas à me lâcher. Comme si un juge impitoyable scrutait le moindre de mes mouvements, pis, pouvait lire mes pensées et notait tout à ma charge. Je vis dans ma tête, déconnecté de mes besoins. D'ailleurs, intellectuellement, j'ai édifié tout un système de justifications pour me convaincre que non, je n'avais aucun besoin, en particulier d'ordre affectif. La vérité, c'est évidemment que je crève de mon besoin d'amour. Couplez ça avec une peur du rejet d'autrui et vous aurez une bonne idée de mon personnage : le mec effacé, incapable de dire non même lorsque c'est contre son intérêt et fuyant le conflit comme la peste. L'avantage, si je puis dire, de cette construction psychologique (car c'en est une), c'est que je suis devenu quasi télépathe : j'ai développé une capacité d'empathie hors du commun. Malheureusement, je ne me sers de ce talent que pour me protéger. C'est cela que les autres apprécient chez moi : je semble deviner leurs désirs et je m'y dévoue. C'est ainsi que je m'entoure encore et toujours du même type de personnes, celles que le bon docteur LaVey appelle les vampires psychiques : des êtres qui se servent des autres à leurs propres fins, au prétexte d'un handicap réel ou imaginaire. Mais j'en ai assez de me faire sucer le sang, assez d'avoir peur de mon ombre, assez de me sentir de trop en permanence, assez de vivre en illégitime. Je n'arriverais à rien si je ne me débarrasse pas du trouillard en moi.

Souvenir du mot d'une vieille amie : partout où sont posés mes pieds, je suis à ma place.

28.06.2013

Bellum

De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité  ; deuxièmement, la défiance ; et troisièmement la fierté.
La première fait que les hommes attaquent pour le gain, la seconde pour la sécurité, et la troisième pour la réputation.
(Hobbes, in Leviathan)

Une obscure clarté se lève : la loi de ce monde, c'est le combat. Depuis longtemps, je cherche quelque chose ou quelqu'un auprès duquel je pourrais trouver refuge. Mais un tel refuge n'existe pas. Quiconque a déjà fait une randonnée sauvage sait que la réalité naturelle est loin de la mièvrerie de certains documentaires animaliers : qu'on se le dise, Mère Nature est une salope et si vous ne la baisez pas d'abord, c'est elle qui vous baisera. Quant à la réalité humaine : mensonges, trahisons, violences, barbarie. L'autre est toujours un hostile possible, à la faveur d'une circonstance. La société ne tient jamais qu'en un équilibre précaire maintenu par la crainte et l'intérêt ; mais qu'un événement de quelque envergure survienne et c'est le chaos. Les survivalistes me paraissent être les seuls à prendre ce petit fait suffisamment au sérieux pour agir en conséquence. Paranoïa ? Je ne crois vraiment pas. Considérer la comédie humaine avec l'oeil de l'anthropologue. Les séducteurs manipulent les femmes comme de vulgaires poupées de chiffon. Les hommes politiques, les capitaines d'industrie, ont des passifs de criminels. Et même les supposés "saints" ont leur côté sombre : se pencher sur la biographie de Gandhi, de Mère Teresa ou, pour évoquer l'actualité, de Mandela. Souvenir de ce passage, terrible, des Démons de Dostoïevski, où Kirillov dépeint l'existence sur cette planète comme un "vaudeville diabolique", avant de se suicider. Une autre issue, peut-être : jouer le jeu, briser les idoles du vrai, du beau, du bon et vivre en conquérant.

09.06.2013

Rideau!

L'unique signification intime des choses,
c'est le fait qu'elles n'aient aucune intime signification. (Fernando Pessoa, in Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes)

Pas de révolution fracassante, mais un changement sensible dans ma façon d'aborder l'existence. Un peu comme un gamin à qui on viendrait d'expliquer le truc du magicien. Le secret, s'il en est un, c'est peut-être ça, une sorte de lucidité nonchalante, un je-m'en-foutisme satisfait. Souvenir de Jeanne Calment qui faisait de l'indifférence la source de sa longévité. Et à y bien réfléchir, en dehors des inévitables "situations limites" à la Jaspers (la souffrance, la mort d'un être cher), rien n'est grave et ne vaut la peine de se prendre la tête. En rester à la simplicité de la survie : manger, boire, baiser, dormir, faire de l'exercice. Pas de nouvelles de la délicate depuis quelques jours. Ca me fait chier, bien sûr, parce qu'elle me plaisait. Mais je n'ai plus envie d'aller chercher les gens. Si elle a envie de me parler, de me voir, elle sait où me joindre. Dans le cas contraire, tant pis pour elle. Intuition d'un autre mode de vie, beaucoup plus cool, en me laissant vivre, en observant la nouvelle génération, aussi, que quelques gardiens du temple jugent si sévèrement et qu'on peut critiquer, certes, mais que je trouve beaucoup moins névrosée que les précédentes. Prendre la vie comme elle vient, tout lâcher, ce qui n'empêche aucunement, comme le murmurait Alan Watts, d'agir raisonnablement. Un lourd et inutile fardeau en moins.