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09.06.2013

Rideau!

L'unique signification intime des choses,
c'est le fait qu'elles n'aient aucune intime signification. (Fernando Pessoa, in Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes)

Pas de révolution fracassante, mais un changement sensible dans ma façon d'aborder l'existence. Un peu comme un gamin à qui on viendrait d'expliquer le truc du magicien. Le secret, s'il en est un, c'est peut-être ça, une sorte de lucidité nonchalante, un je-m'en-foutisme satisfait. Souvenir de Jeanne Calment qui faisait de l'indifférence la source de sa longévité. Et à y bien réfléchir, en dehors des inévitables "situations limites" à la Jaspers (la souffrance, la mort d'un être cher), rien n'est grave et ne vaut la peine de se prendre la tête. En rester à la simplicité de la survie : manger, boire, baiser, dormir, faire de l'exercice. Pas de nouvelles de la délicate depuis quelques jours. Ca me fait chier, bien sûr, parce qu'elle me plaisait. Mais je n'ai plus envie d'aller chercher les gens. Si elle a envie de me parler, de me voir, elle sait où me joindre. Dans le cas contraire, tant pis pour elle. Intuition d'un autre mode de vie, beaucoup plus cool, en me laissant vivre, en observant la nouvelle génération, aussi, que quelques gardiens du temple jugent si sévèrement et qu'on peut critiquer, certes, mais que je trouve beaucoup moins névrosée que les précédentes. Prendre la vie comme elle vient, tout lâcher, ce qui n'empêche aucunement, comme le murmurait Alan Watts, d'agir raisonnablement. Un lourd et inutile fardeau en moins.

Commentaires

votre état d'esprit est plutot positif, je trouve. Pour moi, il s'agit du "kit de survie".
Assurer les besoins fondamentaux et les savourer comme la base incompréssible et meme y trouver un certain bonheur du "ici /maintenant" sans chercher à se projeter dans des désirs certes alléchants mais torturant. Et puis, si il y a "un plus" qui arrive, l'accueillir.
je me demandais, si ce n'est pas indiscret: vous etes dans quelle tranche d'age?

Écrit par : gladis | 10.06.2013

@gladis

>> C'est exactement ça, le "kit de survie", qui remplit bien le jour et le reste en bonus, quand ça se présente. Comme l'accès à une certaine mondanité de l'existence. Que valent nos gesticulations de primates au regard de l'univers ? Tout ça relève d'une vaste farce.

Je vais répondre à votre question mais comme ça, par curiosité, quel âge me donnez-vous à la lecture de ce blog ?

Écrit par : Sadamiel | 11.06.2013

euh...!:)
pas facile, je dirais la trentaine
et à moi vous donnez combien?

Écrit par : gladis | 11.06.2013

@gladis

>> Héhé, bien vu ! J'ai l'âge du Christ. Quant à vous, je dirais une dizaine d'années de plus que moi. ;-)

Écrit par : Sadamiel | 11.06.2013

alors nous sommes perspicaces!:)
j'ai 43 ans et vous 33 donc! (l'age du Christ à sa mort).

vous savez ce qui m'a orienté vers votre trentaine?: une certaine impatience que révèlent vos écrits qui, je crois nous abandonne vers la quarantaine.

Écrit par : gladis | 11.06.2013

@gladis

>> Vous voyez juste, il y a de l'impatience chez moi, une impatience à vivre, comme si tout ce que j'avais vécu jusque là relevait d'une préparation... Mais je m'aperçois que l'attente qu'il y a derrière constitue un véritable poison mental : guettant je ne sais quel deus ex machina, je laisse filer le temps...

Écrit par : Sadamiel | 12.06.2013

c'est quoi que vous appelez"vivre"?

Écrit par : gladis | 12.06.2013

@gladis

>> Tout la question est là : je n'en sais rien. J'ai juste l'impression que ce n'est pas ce que je fais en ce moment, qui relève plutôt de la survie. Vivre, ce serait "plus" : plus intense, plus signifiant. D'un autre côté, je me dis que l'année dernière ayant été particulièrement mouvementée, ce "temps mort" constitue une pause salutaire.

Écrit par : Sadamiel | 13.06.2013

vivre, ça depend ce que les gens mettent dans ce mot:
il y en a pour qui s'est profiter de la vie, de ses plaisirs.
D'autres ont de l'ambition, veulent aboutir à une consécration, une reconnaissance.
pour d'autre c'est remplir un role, fonder une famille, ça engage une relation à autrui, etre en couple, faire des enfants.
Je pense que vivre c'est un peu ça. peut etre que ma définition est trop restrictive, je ne sais pas.

Écrit par : gladis | 13.06.2013

@gladis

>> Vous déclinez quelques possibles parmi de nombreux autres imaginables. Eh bien voyez, mon souci, c'est ça : comment choisir ? Pourquoi ne pas devenir moine ou soldat au lieu de me marier ? Qu'est-ce qui fonde la légitimité de tel choix par rapport à tel autre sinon, précisément, le fait de le poser en acte, comme l'écrivait Sartre ? Parce que l'impression que j'ai, effroyable, en observant mon existence et celle d'autrui, c'est que personne ne choisit vraiment et que tout le monde passe sa vie à rationaliser ses comportements passés pour donner un semblant de cohérence à l'ensemble : cruelle lucidité ?

Écrit par : Sadamiel | 14.06.2013

avoir trop de choix: c'est la maladie de notre époque.Moi trop de choix me donne mal à la tete. Pour ma part, je me suis limitée à un role traditionnel, familial ect... ce qui a notre epoque represente une sorte d'anomalie!:) Je suis un modele de conservatisme!:) avec des roles trés défini.

je ne regrette pas mon choix, il est carré, fonctionnel, constructeur, les pieds solidement fixé dans des racines terrienne et parfois, la tete dans les nuages.
Je pense que la liberté, le souci de me definir ne me convient pas. Du moins j'ai l'impression que ça me demande un trop gros effort pour un resultat aleatoire car notre individualité ne vaut pas grand chose face à 'linfini. Je me rabas donc , sans amertume vers le religieux, les valeurs sures.
le pire, en plus par rapport à tous ça, c'est que je n'ai meme pas de doutes!

Écrit par : gladis | 15.06.2013

@gladis

>> Eh bien j'envie vos certitudes ! Pour ma part, les seules que j'ai concernent la souffrance et la mort de mézigue et de mes familiers. Le reste m'échappe : pourquoi ai-je été "jeté là" ? Quel est le sens de ma présence ici-bas ? Que dois-je faire ? Dois-je faire quelque chose, d'ailleurs ? Le religieux m'interpelle un temps, mais bien vite le soupçon reprend le dessus et je vois clair dans ses montages grandioses : domestiquer le primate, histoire d'éviter qu'il se rebelle ou se foute en l'air, car la machine doit tourner. Ambivalence : je méprise le mécanisme, mais je ne désire rien tant que d'en être un rouage fonctionnel. Mais je n'y arrive pas. Je me fais l'effet d'un type qui aurait raté son train : il reste là, sur le quai, désemparé, puis, décidant mollement de faire quelque chose, il se met à marcher le long d'une voie. Ca mène sûrement quelque part, se répète-t-il pour se convaincre.

Écrit par : Sadamiel | 17.06.2013

Je crois que j'ai une aptitude à etre un rouage!:) d'ou mon gout pour l'organisation. je m'interesse aussi aux organisations sociales, à la psychologie sociale. Je crains mon individualité car j'y pressens le chaos, et je n'ai pas envie d'y faire face car ça ne sert à rien.
Remarquez nos mots: servir, mécanisme, rouage, machine, , mecanisme, faire...
j'avais beaucoup aimé le livre les bienveillantes pour cela, c'est à dire l'explication detaillée comment l'industrie de l'extermination avait pris forme pendant la seconde guerre mondiale
Il y a quelque chose à creuser la dedans, comme le sujet de la technique en philo. En philo; les thèmes que j'aime bien sont: la technique, le travail, l'histoire, la société.
Je ne suis pas attirée par la conscience...
Sinon pour l'image du train, elle est parlante. Perso, et trés jeune, vers vingt ans, par reaction par rapport à mon milieu, j'ai pris un train, y ai jeté toute ma force, vigueur jeunesse, vitalité, energie. J'ai bati. Souvent seule d'ailleurs. J'ai préferé cela que rester sur le quai. Et puis, les années passant je me suis bien rendue compte, que je m'etais peut etre un peu plantée:)! le voyage n'etais pas à la hauteur de mes espérances et mon investissement,d'ou d'ailleurs des brèches dont une particulière, celle qui me destabilise à periode répétée et dont je fais part sur mon blog. Ce doute, et la crise qu'il provoque et me destabilise montre que les certitudes ne sont pas aussi completes, sinon il n'y aurait pas de faille. Mais je ne regrette pas d'avoir pris ce train là. Je n'aurais pas supporté de rester sur le quai.
bonne journée:)

Écrit par : gladis | 18.06.2013

@gladis

>> Merci pour votre témoignage. Je comprends votre point de vue et pourtant, je n'y souscris pas. Pour moi, il y a quelque chose dans l'individualité qui demande non pas tant à être exploré, dans une logique morbide et infinie d'introspection, qu'exploité, dans une logique pragmatique de construction. Le quai symbolise plus ce temps mort nécessaire pour réaliser une bonne fois qu'il n'y a rien à attendre et que tous les trains ne mènent jamais qu'à la mort. Alors seulement, une liberté inédite : celle du condamné.

Écrit par : Sadamiel | 22.06.2013

"Pour moi, il y a quelque chose dans l'individualité qui demande non pas tant à être exploré, dans une logique morbide et infinie d'introspection, qu'exploité, dans une logique pragmatique de construction".

Oui,mais je crois que la construction meme au niveau de l'individualité repose sur l'interaction qu'on a avec le milieu, les etres qui nous entoure et les choses, le matériel.
C'est un peu dur de faire de la construction que pour et par soi meme, dans une sorte de bulle. On est forcement en projection. Alors, il faut s'occuper dans quelle direction on va jeter nos energies, nos désirs constructifs. Parfois je me dis que meme notre construction intérieure depend de cette projection constructive externe.
enfin, je crois que pour moi, j'ai besoin de l'action pour me construire interieurement, c'est une sorte d'exécutoire qui n'est pas forcement partagé.

Écrit par : gladis | 23.06.2013

@gladis

>> Vous avez raison, bien sûr, peut-être me suis-je mal exprimé. Je n'appelais pas à une construction dans le vide, mais bien dans et sans doute par l'interaction avec le monde. Ce que vous écrivez me fait penser à Sartre et sa notion de projet : pour lui, un homme se définit par ce qu'il vise, ce qu'il fait dans le monde et non pas par une hypothétique essence qu'il s'agirait de découvrir par introspection, précisément. Maintenant, ce que je voulais dire et dont je pressens le seuil, c'est qu'il y a dans l'individualité, quelque chose à mobiliser, à laisser rayonner, à tourner dans le bon sens. Héliotropisme.

Écrit par : Sadamiel | 24.06.2013

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