Le pressentiment

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à m'enlever une image de la tête : C. en train de faire l'amour avec ce nouveau mec qu'elle a rencontré et jouissant de manière insolente... Sous-entendu plus qu'avec moi, qu'elle classe jusque là "en premier" dans la liste de ses partenaires sexuels. Terrible orgueil masculin : ce qui me rend fou, c'est cette idée, qu'elle prenne plus de plaisir avec lui qu'avec moi. Et pourtant... il faudra bien que je m'y fasse.

Flirter avec le vide

Etrange sensation ce matin. Comme s'il n'y avait rien. Comme si l'existence, avec son lot d'événements, n'était finalement qu'un immense divertissement, au sens de Pascal. L'absurde tout du long, la mort au bout : so what ? Ce n'est pas du désespoir que je ressens. Plutôt une liberté inédite, teintée d'ironie. De la reconnaissance, aussi, pour tout ce qui a fait ma vie jusqu'à présent.

L'heure d'aller travailler, porter le masque adéquat, puis le déposer, en fin de journée.

Avec en arrière-plan la mélodie lancinante, mécanique, ensorcelante, d'Erik Satie (Gnossienne, 3. Lent).

Un souvenir d'enfance

Il n'y a sans doute rien de plus émouvant dans une vie d'homme que la découverte fortuite de la perversion à laquelle il est voué. (Michel Tournier, in Le Roi des aulnes)

Loin. J'ai peut-être 7 ans. Ma cousine, C., a un an de plus. Nous nous retrouvons lors de quelque réunion familiale, Noël je crois. Je ne sais plus dans quel contexte, mais C. et moi en venons à attiser mutuellement notre curiosité sexuelle, jusqu'au moment où, par défi, chacun dévoile tout à l'autre. Souvenir de cette petite fente rose, virginale. Souvenir de l'excitation ressentie face à son regard sur mon sexe de gone.

Aujourd'hui. J'ai 32 ans. C. (non, pas ma cousine) et moi avons rompu, mais nous restons en relation, tant bien que mal. Dans cette relation, il y a du non dit, il y a du désir, aussi. Attrait d'une découverte encore à faire. Par jeu, je viens de lui envoyer un questionnaire prétendument national sur le profil sexuel des Français. En réalité, je suis l'auteur de ce questionnaire et l'objectif, c'est de savoir l'insu habituellement, ce que cette femme pense vraiment de moi sexuellement. Je dois être sacrément tordu. C. n'a pourtant jamais tari d'éloge à mon sujet dans ce domaine. Mais il m'en faut plus. Il me faut cette dose de risque, d'exposition, ce regard porté sur moi, tout soudain dénudé.

Je risque bien d'avoir quelques surprises.