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19.01.2009

Du discernement

Voilà quelques temps déjà que je "draguais" les guillemets pour souligner la maladresse de l'opération une amie, sans succès, cette dernière m'ayant clairement fait comprendre qu'elle n'était pas intéressée. Il y a peu, juste après avoir essuyé un nouveau refus suite à une énième pitoyable tentative de ma part, je sortais de chez moi, distrait. C'est alors que surgit à quelques pas de ma petite personne une jolie jeune femme que je ne laissais visiblement (et c'est peu dire, pour que même moi, je m'en aperçoive !) pas indifférente. Rien ne se passa : je manquais de temps, j'étais étourdi de surprise ; mais je songeai alors à la vanité de mon entreprise forcenée de séduction auprès de mon amie, au mépris d'opportunités bien réelles. La morale de l'histoire, c'est que j'agis comme cet ivrogne dans la plaisanterie qui cherche ses clés près du réverbère parce que c'est le seul endroit éclairé.

Aussi : une révélation, hier. Cela fait des années que, tout en me sachant fondamentalement intellectuel, je me renie, je joue, sinon à l'imbécile, du moins à l'homme moyen, sans culture, sans intériorité. Tout ça pour me fondre dans le moule de l'époque, où l'intellect n'a guère sa place et relève du stigmate : l'intellectuel, ce serait cette créature bizarre qui réfléchit au lieu de vivre. Sauf qu'à chasser le naturel, il revient au galop et que mon petit jeu se délite en profonde frustration. Assez ! J'aime la vie de l'esprit ! Et jamais plus je ne m'interdirai de m'abreuver à sa source.

13.01.2009

"Maladie" (2)

Il y a chez moi cette étrangeté fantasmatique qui consiste à chercher inlassablement une sorte de point de départ absolu, à partir duquel je pourrais enfin vivre "comme il faut". Et plus j'avance, plus je me vois contraint d'annuler tout ce que j'ai déjà pensé, ressenti, fait, afin d'en revenir éternellement à cette borne première imaginaire. L'ensemble de mes difficultés tourne autour de cette folie. Souvenir de ma photo de permis de conduire : une imperfection granuleuse sur l'image a littéralement assiégé mon esprit pendant des jours au point d'envisager sérieusement de refaire faire mon papier rose en vertu de quelque motif que j'avais déjà préparé jusqu'à ce qu'une nuit, n'en pouvant plus, je me relève pour retoucher au stylo l'objet de mon obsession. Par cette même déraison, je suis devenu un sophiste de génie, capable de défendre une thèse et son contraire et définitivement indéterminé sur tout sujet, quand bien même il m'arrive d'exprimer des opinions tranchées que je ne mets pas longtemps à récuser, assailli par le doute. En fait, cette logique d'annulation, c'est un peu comme si je voulais me constituer en ma propre antériorité, comme si je n'admettais pas de n'être pas ma propre origine, bref, comme si je refusais de n'être pas Dieu. Lors de mon passage sur le divan, j'avais eu cette pensée mystérieuse : j'irai mieux lorsque j'accepterai ma foi en Dieu. Et là, je ne peux m'empêcher de songer à cet article de Charles Melman, intitulé La rationalité comme symptôme et traitant de la névrose obsessionnelle (no comment sur mon ambivalence c'est rien de le dire à l'égard de la psychanalyse). Morceaux choisis :

"Eh bien, nous savons que l'obsessionnel est, justement pour les raisons que je viens de dire, très antipathique à l'endroit du signifiant-maître ! L'obsessionnel, par définition, c'est celui pour qui il est insupportable qu'un énoncé ou une énonciation veuillent se poser immédiatement, c'est quelque chose qui le hérisse, qui le cabre. Et il aura donc tendance à vouloir homogénéiser les signifiants. Mais ça lui revient sous la forme de ceci : ce signifiant-maître qu'il aurait ainsi décapité (si j'ose ainsi m'exprimer pour ne pas me servir d'autres tranchements qui s'évoquent ), ce signifiant-maître lui revient sous la forme de l'impératif, sous la forme de l'injonction. [...] Et le doute propre de l'obsessionnel est évidemment une conséquence de sa démarche. Du même coup, il a tué le rapport possible à la vérité, cette vérité qui est précisément ce qu'il a en horreur, cette vérité que le zéro vient assez bien symboliser, et donc il va la chercher dans la chaîne symbolique et à un niveau, bien entendu, antécédent. Et il est toujours à la recherche de l'antécédent qui a lui-même un antécédent et qui a lui-même etc., en se livrant à cette activité épuisante, sans jamais être sûr de son résultat, et en ayant nettement le sentiment qu'il a commis quelque meurtre qui est aussi bien ce qu'on pourrait appeler le meurtre du père, mais le meurtre du père en tant qu'il est ce que la symbolisation, en tant qu'elle serait parfaite, viendrait consommer. Puisque le père mort ne prend son autorité que de se maintenir dans le réel, de se maintenir dans cette position d'altérité, et dans cette position d'irréductibilité du rapport. J'ai beau l'implorer, j'ai beau le prier, il n'est pas du tout tenu de m'entendre. Mais l'opération propre à la religion étant d'assurer, de supposer que la filiation vient résoudre cette altérité essentielle, du même coup on pourrait dire que la filiation, l'affirmation de la filiation, est pas moins ce qui vient en quelque sorte tuer ce père- mais ce père comme père mort."

04.01.2009

Les bonnes résolutions

Chaque début de nouvelle année voit son lot de bonnes résolutions formulées sur le mode de l'amusement, de la vélléité, avec cette sorte de certitude désespérée, teintée d'ironie perverse, qu'aucune d'entre elles ne sera tenue. J'entends déroger à cette règle de perdant et m'engage à suivre les résolutions suivantes :

- Fermer le théâtre de dupe qu'inaugure Internet dans ma déclinaison d'une infinité de rôles légion de personnages imaginaires qui se révèlent comme ce que je voudrais être, mais ne suis pas dans le cadre de débats d'idées et de jeux sexuels morbides. L'évasion dans le virtuel détourne l'énergie du changement en pure perte tandis que l'usurpation fantasmatique d'identité entretient l'illusion de toute-puissance, au mépris de l'expression contrainte par le réel de ma singularité propre.

- Jeter par-dessus bord mon désir de planifier la moindre seconde de mon existence. Logique de la servitude volontaire qui ne marche tout simplement pas, le joug persistant en esprit et parasitant d'autant l'effort utile. La discipline ne peut venir que de l'intérieur, sustentée par le désir. Et la vie ne rentre pas dans les cases, me déborde infiniment : non à cette petite mort qui en constitue le refus.

- Entrer dans la danse de l'action, pour n'en plus ressortir qu'à l'occasion du repos ou de quelque intermède d'ajustement. La réflexion aussi se donne comme action lorsqu'elle ne tourne pas en vase-clos (course folle dans la roue du cobaye lettré) , c'est-à-dire lorsqu'elle s'applique au réel.