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07.04.2013

Un cri dans le silence

Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. (Albert Camus, in Le mythe de Sisyphe)

Quand ça te prend à la gorge et qu'il te faut régler la question, là, sur le champ. Quand plus rien n'a de sens. Quand tu attends le coup de téléphone qui n'arrivera plus. Quand tu sais que même si elle te rappelait, tu fais tellement peine à voir que t'aurais honte de montrer ton museau. Quand tu chiales à en crever. Quand tu réponds "tout va bien" et "rien de nouveau sous le soleil" alors que tout va mal et que tu ne vois plus le jour. Quand tu te rends compte que les seules personnes qui croient encore en toi, ce sont tes parents et que tu te demandes combien de temps ça va bien pouvoir durer avant qu'ils ne découvrent le pot aux roses. Quand tu la vois partout dans la rue. Quand tu comprends, avec une lucidité crue, que tu n'es pas apte à vivre en ce monde. Quand le seul truc dont t'as envie c'est de prendre ta voiture minable et de rouler aussi vite que tu pourras la pousser pour la jeter contre un platane. Quand tous les aboiements des caniches humains te semblent dérisoires au regard de l'infini. Quand tu te branles de rage en fantasmant de lui exploser à la gueule. Quand tu piges que la prière ne sert à rien, que personne ne viendra, que tout le monde se contrefout de ce que tu ressens. Quand t'as intégré que t'as déjà perdu, mais que tu grognes encore, comme une bête qui agonise. Quand tu hurles à l'intérieur, parce que faudrait pas que ta douleur dérange les voisins. Quand t'écoutes le même morceau en boucle, jusqu'à avoir la tête qui tourne. Quand t'es si lâche que le vertige que tu ressens alors t'inquiète et te fait te demander si tu n'aurais pas une tumeur ou un anévrisme : clamser, d'accord, mais pas contre ton gré. Quand t'as pas assez de salive pour cracher autant que tu te dégoûtes.

 

Commentaires

quand ça va pas comme ça, faut marcher à l'économie , et tenir.Patienter.
Tu dors, tu le lèves, tu manges, tu tiens. Tu explores le vide, tu vas au fond du vide, tu tiens.
tu tiens, minutes aprés minutes. Tu gravis l'echelle du temps. Tant pis si il n'y a pas de sens, ta respiration, c'est deja un sens. Tiens Saldamiel:)
et puis un jour, peut etre, quelque chose fera sens.
Le sens , des fois, il est là, mais il peut partir encore . C'est une remise en question perpetuel. C'est la vie.

Écrit par : gladis | 07.04.2013

j'ai dans mon entourage proche un vieux monsieur, il a sept pathologies (cardiaque, renale, diabete ect...) plusieurs fois il est passé pour mort, urgence, soins intensif. Il survit. Et bien figure toi qu'il est souriant. Il y a des trucs qui ne trompe pas, avant quand il pouvait encore marcher il marchait quotidiennement au soleil. Il chante dans sa langue, son plus grand plaisir, bien que cela lui soit defendu c'est un bon morceau de viande. Pourtant quand il etait jeune, il etait un horrible macho, egoiste ect... Là il en bave avec ses soucis de santé mais il a une lumière en lui, il a le moral du moment ou ses besoins basiques sont satisfaits.Il est animal. Des fois c'est quand on garde cette part animale egoiste et basique qu'on peut etre heureux. Chanter au soleil, manger, bien dormir, ronfler et emmerder tout le monde:)

Écrit par : gladis | 07.04.2013

@gladis

>> Merci pour vos mots. Rassurez-vous, l'écriture me sert d'exutoire et puis mon humeur tourne à tout vent comme girouette. Je crois surtout que je suis très seul et qu'il est grand temps que je sorte de ma tanière. Pour autant, cette pensée du suicide évoque paradoxalement la liberté chez moi : me foutre en l'air reste une possibilité au cas où j'estimerais que la vie ne vaudrait plus la peine d'être vécue. Pour l'heure, malgré ce texte dramatique, ce n'est pas le cas. C'est juste que... Camus avait tort : Sisyphe n'était certainement pas heureux de pousser son rocher pour le voir éternellement dévaler la pente une fois le sommet atteint. Je suis Sisyphe : je me bats, vraiment, pour m'en sortir, pour oublier, pour aller de l'avant. Et puis, à la faveur d'un rien, je replonge. Elle me manque...

Écrit par : Sadamiel | 08.04.2013

je suis soulagée de constater que ce texte n'etait pas si dramatique mais servait d'exutoire:)
n'empeche vous n'y allez pas de plume morte!:)
je ne sais pas pour Sisyphe. L'ennui, le quotidien, la tache mainte fois accomplie, reaccompli ne m'effraie pas, ça me rassure meme. Des fois dans l'accomplissement des gestes banaux, je trouve qu'on peut y donner une certaine grace, une certaine maitrise. J'aime bien l'image des moines japonais qui ratissent le sable d'un jardin minuscule. je puise aussi mon energie la dedans: l'immobile, le réduit, le concentré, le répétitif. Je crois qu'on peut illuminer chaque choses. Du moins je tends vers ça, dans ce souci permanent de puiser en moi l'energie qui donne sens à ma vie. J'ai horreur, mais alors horreur de faire dependre mon sort de causes extérieures et ça va meme dans les relations humaines, amoureuses. J'ai peur du manque, de manquer. l'amour me destabilise. Les choix encore plus. je ne suis pas partie avec lui pour deux raisons: car je devais faire un choix et j'etais amoureuse donc vulnerable.
vous dites qu'elle vous manque encore.... cependant je comprends, n'avez vous pas fait le deuil encore...

Écrit par : gladis | 08.04.2013

Je n'ai jamais compris cette expression : "faire le deuil". La fumisterie des étapes, jusqu'à l'acceptation bénie ou la "résilience", selon la nouvelle terminologie psy-pop... Pour moi, on ne fait jamais le deuil de quoi que ce soit. On continue malgré tout, avec des plaies plus ou moins bien cicatrisées et on s'en sort à peu près par astuces de sens, compromis psychiques, passerelles affectives. Bref, on bricole. Bien sûr qu'elle me manque, comme me manquent les rares qui ont compté. Elle me manque d'autant plus que je n'arrive pas à me débarrasser de cette impression de magie qui a baigné notre relation. Son fils aussi me manque. Ce n'était pas le mien, mais ce petit bout de chou m'a ouvert à une dimension de paternité que je ne soupçonnais pas chez moi, ou peut-être que je ne voulais pas voir jusque là... Il n'en reste pas moins que je vais avancer, un pas après l'autre. Autre obstacle de taille : je suis un être passionné. Le quotidien à la moine zen m'ennuie profondément. Je veux une vie "pleine d'électricité" (Antonin Artaud), quitte à devenir fou. J'ai bien failli, cette fois... :-D

Écrit par : Sadamiel | 08.04.2013

en fait, il s'agit de se connaitre. je croyais que je m'ennuyais dans ma vie. Curiosité d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Curiosité plus que besoin. Je n'aime pas la passion. J'en suis à peu prés sure. L'episode passionné m'a fait comprendre que cet état ne me correspond pas. Peut etre justement à cause du cotoiement de la folie, de la dépossession. Non je n'aime pas les passions, on souffre trop.:)
je vous souhaite du courage si c'est cela que vous aimez, si c'est cela qui vous rend vivant. En ce moment , ce que j'aime c'est l'organisation, la productivité, la construction et uen forme de maitrise. Je crois au final que je suis cela: un bon outil dépassionné:)

Écrit par : gladis | 09.04.2013

Pas mal !

"J'm'enivre de négativité et j'me sens vivre", La peur de l'échec, Orelsan.

Écrire me sert aussi d’exutoire. Mon ex me disait blablabla, tu vois tout en noir. Tout le temps négatif... J'écris pas pour raconter une histoire, mais vomir ce que je digère pas... L'art est une excuse. Tout bien comme il faut dans mes aventures diurnes, je peux montrer mon vrai visage quand je pose mon cul sur la chaise, en rentrant chez moi. Je me demande bien comment qu'ils font ceux qui pataugent sans but. Ceux qui font semblant à longueur de journée. Ils simulent ou bien ? Ça les fait jouir de se faire enculer sans rien dire ? Moi j'sais pas, mais c'est dans la nuit que je trouve la lumière. Je sais qu'elle se cache, pas loin. Qu'il reste de l'espoir. Je me résigne pas !... On peut dire ce qu'on veut, mais quand je me dresse, je peux atteindre des sommets ! Je me contente pas, moi ! Je veux toujours plus ! Je suis un acheteur compulsif de sensations fortes ! Et ça me ruine la santé...

Klub des loosers "Avec les larmes"
"Alors ça va ? Oui, tout va bien ! Je n'ai aucun problème !"

Écrit par : Basile | 20.06.2013

@Basile

>> Merci pour votre commentaire. J'ai connu ça moi aussi, cette recherche de l'ivresse, par tous moyens, sexe, drogue, vitesse... Ce démon-là s'est calmé. Comme vous le dites vous-même, vous vous ruinez la santé. Il faut bien mourir de quelque chose, me direz-vous. Mais si la vie est courte, elle est aussi paradoxalement très longue, surtout quand on est malade ou impotent. Le principe d'entropie s'occupant déjà fort bien de notre pauvre condition humaine, j'ai choisi pour ma part de ne pas en rajouter. Pour le reste, l'écriture me sert probablement d'exutoire, mais au-delà, j'y vois comme une possibilité d'agencement des pièces éparses de mon petit puzzle personnel. Qui sait, ça donnera peut-être un paysage pas trop dégueu.

Écrit par : Sadamiel | 22.06.2013

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