Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10.08.2012

Respirer (2)

Il me semble que l'homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complètement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles dans le ciel... Il faut savoir pourquoi l'on vit, ou alors tout n'est que balivernes et foutaises. (Anton Tchékhov, in Les Trois Soeurs)

J'admire ces séducteurs qui parviennent à tout obtenir des femmes, à coups de techniques géniales. J'aimerais être comme eux. Mais je n'y arrive pas. J'y parviens un temps, puis je fous tout en l'air l'instant d'après, par fidélité à la vérité. Là, par exemple, j'ai cédé aux assauts téléphoniques de C.. S'en est suivie une longue discussion, houleuse de prime abord, plus sereine ensuite. Mais quoi qu'il en soit, je sais pertinemment, d'un point de vue stratégique, que j'ai perdu. C. est désormais confortée dans le fait que je tiens encore à elle, bref, je n'ai fait que la précipiter dans les bras de son nouveau mec (à l'heure qu'il est, d'ailleurs, le pire s'est sans doute produit, mon fameux pressentiment...). Qu'importe. Je ne peux plus vivre dans le mensonge, je suis en train d'en crever. Je ne peux plus faire semblant d'être "fort", selon l'acception de l'époque, c'est-à-dire égoïste, manipulateur, cynique. Je ne suis pas tout cela. J'ai des valeurs, une morale. Je ne peux m'empêcher de songer à la Justine de Sade, vertueuse indéfectible et pourtant malheureuse toute sa vie. Sade va plus loin, bien sûr : pour lui, c'est parce que Justine est vertueuse qu'elle se rend malheureuse. Peut-être. Mais que vaut une vie sans idéal ?

Commentaires

je suis bien d'accord avec vous que la vie ne vaut d'etre vécue sans morale
. De toutes façons, ne pensez pas trop que les manipulateurs sont heureux. J'ai connu un homme, dans l'intimité de son ame: c'était un de ces manipulateurs, séducteurs. Son palmares était impressionnant. Il me racontait tout, j'atais sa confidente et plus surement. Et bien, derrière tous cela, un homme assez malheureux se cachait. Il aspirait à la vérité. Il savait, parce qu'il etait intelligent que ses conquètes inombrables n'était que futilité. A la fin, il ne respectait aucune femme. Et comme les femmes sentaient cela, elles étaient attirées par lui comme on est attiré par le danger.
Il m'a parlé de tout cela. ça n'a pas pu se faire entre nous, j'avoue que je doutais de sa sincérité, il etait un grand seducteur, je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance
A la fin , il n'y a que cela: une certaine morale pour vivre, sinon on se lasse de tout. Enfin, je crois.

Écrit par : gladis | 13.08.2012

@gladis :

Merci pour votre commentaire, comme à l'accoutumée intelligent et personnel à la fois.

Je pense en effet qu'une personne qui vit en permanence dans la manipulation d'autrui, par-delà la jouissance de marionnettiste qu'elle doit éprouver, se sent certainement très seule. Pour ma part, j'oscille entre cette aspiration à la vérité que vous évoquez et sa négation brutale au profit d'une approche purement technicienne de l'autre. Je le vois avec ma dernière relation amoureuse : nous venons de nous dire adieu, enfin, d'une manière profondément humaine. Et aujourd'hui, qu'ai-je fait ? J'ai à nouveau piraté ses données pour l'espionner, j'ai échafaudé mille plans pour... quoi, au final ? Garder un lien, fût-il pervers, avec elle. Mais à quoi cela me mènera-t-il, sauf à salir tout ce que nous avons vécu de beau et qui appartient désormais au passé ? La manipulation, chez moi en tout cas, relève de cette tentative désespérée de contrôler l'autre, intégralement. Mais ça ne donne rien, à terme. Assez joué.

Écrit par : Sadamiel | 14.08.2012

Une rupture, ça met du temps à se faire. Il ne suffit pas de le dire, l'annoncer. Les piratages que vous faites sont une façon de garder le lien. La mort du lien est quelque chose qui prend du temps, ça ne passe pas par les mots. Et puis, il y a des gens qui jouent aussi à se faire peur en annonçant la rupture alors que c'est en fait une façon de relancer la machine.
La rupture , la veritable ,elle n'a rien de sensationnel.

Pour l'approche technicienne je comprends. Pour ma part, aprés justement une rupture qui a ressemblé plutot à un adieu fataliste, j'ai eu une approche de moi mème technicienne. Je me suis considérée sous l'aspect utilitaire, fonctionnel. J'en avait marre des emotions et ce que cela implique, de la fatigue, de l'investissement que ça implique aussi
Mon approche de la verité passe aussi par une approche technicienne. Une façon de faire le vide ,le vide d'emotion de sentiments. Je ne sais pas encore de quoi je vais remplir le vide. Je cherche.

Écrit par : gladis | 16.08.2012

Les commentaires sont fermés.