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04.09.2008

"Maladie"

Petit essai d'auto-diagnostic psychologique.

Les plus manifestes de mes troubles, ce sont mes TOC. TOC pour troubles obsessionnels compulsifs: vous êtes normal, toujours relié à la réalité mais quelque chose dans votre cerveau dysfonctionne (c'est l'explication qui, après examen, me semble la plus crédible, très loin devant la théorie psychanalytique selon laquelle votre névrose a pour origine le regard de travers que vous a adressé votre mère alors que vous étiez sur le pot) ; ça donne des obsessions (pour mézigue, de propreté, essentiellement) et des rituels (de lavage) afin de contrer ces dernières. Ces TOC me bouffent la vie depuis des années maintenant. J'ai tout tenté (sauf la psychochirurgie, mais je ne souhaite pas qu'on touche à mon cerveau, allez savoir pourquoi) : psychanalyse, psychotropes, thérapie cognitive et comportementale, la prière (non, je déconne, je devrais, peut-être). Outre les TOC eux-mêmes, qui me fatiguent, il y a l'effort constant pour les dissimuler aux yeux du monde (et les innombrables ruses déployées afin de parvenir à assouvir mes TOC en catimini). J'y réussis plutôt bien, au prix il est vrai d'une cruelle solitude. Et encore, les amis, à force, je pourrais leur confier (je l'ai déjà fait de par le passé ; si la catastrophe attendue n'arriva pas, j'ai hélas dû déplorer que ma meilleure amie de l'époque, sans doute trop engluée dans ses propres problèmes, ne prenne pas toute la mesure de la souffrance qui était la mienne). Mais à une nana que vous convoitez... "Ah oui, au fait, un truc, oh, trois fois rien, mais je passe mes journées à nettoyer les objets à l'alcool et à me laver les mains." Bref. Si l'explication biologique me satisfait, si je ne doute pas une seconde que le déclencheur de ce bordel cérébral fut une magnifique crise familiale aux alentours de mes 18 ans, je sais au fond que je demeure responsable de la survie de mes TOC. Etrange sensation, que je retrouve dans d'autres problématiques. Comme un saut à faire, quelque chose à lâcher (les amateurs de psychanalyse verront immédiatement là une analogie, si j'ose m'exprimer ainsi, je les laisse à leur copromanie), une autorisation à me donner à moi-même. Je pressens que ces TOC disparaîtront alors comme neige au soleil. Que trissent les hirondelles !

Non, non, ce n'est pas fini. Le reste est simplement plus discret. Procrastination, d'abord. Je remets sans cesse au lendemain car demain, n'est-ce pas, tout ira bien. Et puis, ne pas agir ici et maintenant évite les erreurs et les critiques et permet cet état de rêverie si agréable et pourtant si funeste que connaissent tous les atermoyeurs. Mais la vie passe et demain n'arrive jamais. Mythomanie, ensuite. Ah, si, si, à ce stade j'appelle ça comme ça. Je mens à tout le monde, sans exception. Le plus souvent, pour me protéger, parfois pour me valoriser mais aussi, et c'est là que vient se poser la cerise sur le gâteau, parce que j'y prends plaisir. J'aime jouer. Je m'enivre du pouvoir du mensonge, je jouis devant le spectacle de ces autres que j'imagine comme autant de marionnettes animées par mes mains habiles. Et puis, cette fascination toujours intacte devant le constat de la fragilité humaine : un regard, un mot et tout bascule.

Au-delà, encore. Il y a cette notion développée par André Green (oui, oui, un psychanalyste, pour le coup, j'assume mes contradictions !) : l'analité primaire. Si je passe sur la métaphore aussi peu heureuse qu'inutile (mais les psychanalystes savent-ils encore ce que parler veut dire ?), j'y ai vu exactement moi, ou presque, en termes cliniques : un "écorché vif", mais dont la blessure est si première, si fondamentale, qu'elle anticipe toute "relation d'objet", sans évoquer l'impératif de toute-puissance et le fantasme autarcique (et ses armes d'annulation massive : "Je n'ai pas besoin de toi ; à vrai dire, je n'ai tellement pas besoin de toi et j'ai à la fois si peur que tu me blesses que tu n'existes plus. Mieux : tu n'as jamais existé.") qui accompagnent également ce joyeux portrait.

"N'est pas fou qui veut", disait Lacan. Il faut croire que je dispose d'une volonté hors du commun.

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