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20.11.2012

Némésis

J'ai si peu vécu que j'ai tendance à m'imaginer que je ne vais pas mourir ; il paraît invraisemblable qu'une vie humaine se réduise à si peu de chose ; on s'imagine malgré soi que quelque chose va, tôt ou tard, advenir. Profonde erreur. Une vie peut fort bien être à la fois vide et brève. Les journées s'écoulent pauvrement, sans laisser de trace ni de souvenir ; et puis, d'un seul coup, elles s'arrêtent. (Michel Houellebecq, in Extension du domaine de la lutte)

Ils vous disent : « C’est dans les temps difficiles que vous réaliserez la nécessité de Dieu. » Foi au rabais, foi d’opportuniste, foi de malade. Je vous dis, moi, que c’est précisément dans les temps difficiles que Dieu vous apparaîtra dans sa splendide vanité. Seules vos propres forces vous extirperont du gouffre dans lequel vous vous trouvez alors. Si la souffrance doit être l’occasion de la foi, c’est celle de la foi en vous-même et rien de plus. (Citation fictive)

Il n'y a rien. Dans ma chute, nul ange pour me soutenir, nulle lumière pour m'éclairer. Illusion de la foi, quelques instants, un réflexe : agiter les bras pour agripper une branche, imaginaire. Ni bon ni mauvais, l'univers se déploie, à chaque seconde, sans but. Rejoindre Lacan : quitte à être un néant, autant que ce néant soit confortable. Je rajouterais, avec Sade : n'importe aux dépens de qui. Jeanne Calment, à qui l'on demandait son secret de longévité, avait répondu l'indifférence. Indifférence aux événements, aux êtres qui passent dans votre vie et finalement, à la vie elle-même. Une grande farce, qui s'achève tôt ou tard et amuse peut-être quelque malin démiurge.

Quant à C. : satisfaction d'avoir bien joué avec elle et d'avoir réussi à lui cacher ma vraie nature. Elle n'a fait que la pressentir et aura toujours le doute, avec mes entourloupes. Elle me prend probablement pour un faible, qu'elle a sucé jusqu'au sang, en bon vampire psychique qu'elle est. Je lui souhaite de ne plus jamais croiser ma route, car si cela devait arriver, je ne ferais pas preuve de cette pitié qui m'a conduit à lui épargner la ruine.

Il y a plusieurs années, j'avais écrit un petit poème dans lequel je me dépeignais comme un loup qui se déguise en agneau, par couardise. Mais ça ne marche pas. Il n'y a rien à atteindre, rien à devenir, pas d'idéal qui vaille la peine, pas de sacrifice chevaleresque à faire pour recevoir l'onction divine. Il n'y a qu'une urgence à vivre le mieux possible, dans un monde sans qualités, gouverné par le sexe et le fric.

Commentaires

moi aussi, je l'avais noté, ce passage de Houellebecq

Écrit par : gladis | 22.11.2012

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