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12.11.2012

Le purgatoire

Ces nuits cruelles, longues, sourdement hostiles, avec des orages noyés dans les eaux mortes des pensées – qu’on supporte par la soif curieuse de savoir comment on va répondre à cette question muette : « Vais-je ou non me tuer d’ici l’aube ? ». La matière est imbibée de douleur. (Emil Cioran, in Syllogismes de l'amertume)

Bon, j'avais besoin, une dernière fois, de céder à l'illusion du contrôle, je suis fixé. Cette énième exploration des données personnelles de C. ne m'a rien apporté de plus, sinon la certitude que je n'ai eu, hélas, qu'un rôle de figurant dans le film de sa vie. M'a-t-elle aimé un jour ? Oui. Mais cet amour n'a pas duré, n'a pas résisté à sa douleur, aux circonstances, à son désir fuyant. Je l'ai toujours su, au fond. Après qu'elle a entrevu ma vraie nature, je lui ai adressé un ultime mensonge, pour sauver... je ne sais pas, mon orgueil, le sien, les apparences d'une histoire qui s'est écrite sur un naufrage et se termine sur un naufrage. Que garder de tout cela ? La joie des moments partagés, une certaine magie : l'une et l'autre ont bel et bien existé, malgré tout. A présent, revenir à soi. Tirer la leçon de ce choix amoureux : qu'est-ce qui cloche chez moi pour que je m'attache toujours à la "mauvaise" personne, celle qui va se servir de moi, puis me désaimer ? Pourquoi éprouvé-je le besoin de répéter, encore et toujours, le même schéma ? Et au-delà, tout est lié : de mes déboires professionnels à mes fantasmes inavoués. A la racine, il y a, je crois, mon propre désamour. Je ne me suis jamais trouvé assez bien. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai commencé à mentir : fausser la réalité pour qu'elle colle à l'image que je me faisais des attentes d'autrui à mon égard. Sauf que c'est épuisant, à la longue et que ça ne mène nulle part. C., par-delà sa problématique singulière, avait très bien senti ça chez moi : ce "mystère" qui n'en est pas un, qui n'est qu'un trompe-l'oeil ; détourner le regard de cet autrui par trop envahissant. Mais je n'ai plus la force de cette esquive permanente. Voilà des semaines que je vis comme un zombi, terré dans la pièce principale de mon appartement, volets fermés, alternant sommeil, masturbation, alimentation, au rythme d'Internet et des programmes télé. Je pleure, aussi, avec retenue, car je pressens que si je me laissais aller je me noierais dans l'océan de mes propres larmes. Bref, je suis une épave. Mais il faut croire que je m'aime encore un peu, assez en tout cas pour entendre cette petite voix qui m'invite à me relever, à reprendre la route, sans plus jouer avec mon âme.

Le suicide, évoqué en épigraphe, n'est pas une option. Curieusement, quelque chose me dit que j'ai encore à faire ici-bas.

Commentaires

j'avais lu que lorsqu'on répète les meme shémas amoureux qui aboutissent à des echecs, c'est qu'on recherche à réparer notre enfance, un lien affectif anormal, défaillant. On veut, avec la personne dont on tombe amoureux recommencer cette histoire du passé en la resolvant, en trouvant la réponse.

Écrit par : gladis | 13.11.2012

@gladis

>> Bof, je n'en sais rien. La psychologie m'a toujours passionné et je connais, bien sûr, la théorie freudienne de la "compulsion de répétition" dont dérive l'explication que vous apportez ici. Mais plus je vais et plus je m'éloigne du psychologisme. Voyez cette vidéo de François Roustang :

http://www.youtube.com/watch?v=AJj35bgvaUM

"La conscience n'existe pas !" tonne-t-il à un moment. Formule provocante, mais peut-être strictement vraie. Ca fait des années que je cherche à "comprendre" la nature humaine, les autres, moi-même. Ca ne donne rien. C. aussi, j'ai tenté de la "comprendre" : pour quel résultat ? Certes, nous avons été en couple puis, même séparés, nous avons eu une relation inédite mais au final, je me retrouve seul et en parfait désarroi, parce qu'au fond j'ignore ce qu'elle pense et ressent *vraiment*, si tant est que la question ait un sens. Et ça tourne à l'obsession amoureuse, au point de me saboter moi-même : comme je le dis dans cette note, je suis devenu une véritable épave. Alors j'en viens à me dire que peut-être il n'y a rien à "comprendre" et qu'il faut traverser la vie sans trop se poser de questions, dans le sens plongée dans les abysses introspectives. On s'y noie.

Écrit par : Sadamiel | 14.11.2012

"je me retrouve seul et en parfait désarroi, parce qu'au fond j'ignore ce qu'elle pense et ressent *vraiment*,"

peut etre qu'à travers elle, vous pensiez enfin aboutir à une définition de vous mme. Elle vous aiderait à vous comprendre, à vous "aimer".Et là, il n'y a pas de reponse.
Peut etre que je me trompe.

pour ma part, c'est ce qui m'arrive. Des gens, il y en a des centaines qu'on cotoie. On n'apporte pas trop de consideration à ce qu'ils pensent. Et puis, des fois on en rencontre un et on sens que cette personne en portant le regard sur nous saura nous définir, nous comprendre. Et on veut savoir à tout prix ce qu'il ou elle pense, pense de nous. Le problème c'est qu'on ne le sait pas, on ne le saura jamais.
La dernière fois, j'ai posé la question, je n'ai rien pu savoir de ce que j'attendais, le resultat etait bien en dessous de mes esperances.
Il ne faut pas vous laisser affliger par votre histoire. Il ne faut jamais mettre dans les mains d'un autre son equilibre, sa propre estime. L'autre reste un autre.De toutes façons, la vie ce n'est pas un ideal, ce sont des petits accomodements et comme vous l'avaiez dit précedemment une succession de montagnes russes .Faut pas descendre trop bas non plus ;)

Écrit par : gladis | 15.11.2012

@gladis

"""""peut etre qu'à travers elle, vous pensiez enfin aboutir à une définition de vous mme. Elle vous aiderait à vous comprendre, à vous "aimer".Et là, il n'y a pas de reponse.
Peut etre que je me trompe."""""

>> Non, je pense qu'il y a de ça. A mon psychanalyste, lors de ma cure, j'avais confié cette idée que la liberté résidait dans l'errance, mais c'est aussi une malédiction, que de ne pouvoir se fixer soi-même (du point de vue de l'identité). Alors on laisse l'autre le faire... Mon petit côté caméléon.

"""""pour ma part, c'est ce qui m'arrive. Des gens, il y en a des centaines qu'on cotoie. On n'apporte pas trop de consideration à ce qu'ils pensent. Et puis, des fois on en rencontre un et on sens que cette personne en portant le regard sur nous saura nous définir, nous comprendre. Et on veut savoir à tout prix ce qu'il ou elle pense, pense de nous. Le problème c'est qu'on ne le sait pas, on ne le saura jamais.
La dernière fois, j'ai posé la question, je n'ai rien pu savoir de ce que j'attendais, le resultat etait bien en dessous de mes esperances.
Il ne faut pas vous laisser affliger par votre histoire. Il ne faut jamais mettre dans les mains d'un autre son equilibre, sa propre estime. L'autre reste un autre.De toutes façons, la vie ce n'est pas un ideal, ce sont des petits accomodements et comme vous l'avaiez dit précedemment une succession de montagnes russes .Faut pas descendre trop bas non plus ;)"""""

>> Merci pour vos mots, qui tombent à pic. Le pire, c'est que je le sais, tout ça. Et pourtant je me suis laissé prendre au piège. Je viens d'envoyer un mail à C. : long message, où je lui dis tout ce que j'avais sur le coeur. Je me sens mieux. Triste, mais calme. Et avec une ouverture vers l'avenir, ce qui ne m'est pas arrivé depuis deux semaines.

Écrit par : Sadamiel | 16.11.2012

alors votre mail, ça a donné quoi?
c'est un peu dangereux de se mettre à nu!

Écrit par : gladis | 17.11.2012

"""""c'est un peu dangereux de se mettre à nu!"""""

>> Dangereux pourquoi ? Parce que je lui ai montré ma faiblesse ? Je sais pertinemment que j'ai enfreint tous les codes de séduction en envoyant ce mail, mais je n'attends plus rien d'elle, notre histoire est vraiment finie à présent. J'ai basculé un temps dans cette folie de prétendre contrôler ce qu'elle pensait de moi. Maintenant, ça me laisse indifférent. Qu'elle pense ce qu'elle veut, qu'elle dise ce qu'elle veut, même, à mon sujet. Les personnes intelligentes, qui me connaissent par ailleurs, sauront séparer le bon grain de l'ivraie. Quant aux autres, sélection naturelle : c'est qu'ils n'en valaient pas la peine. J'avais besoin de lui délivrer cette parole vraie. Ce qu'elle en fera ne m'appartient pas.

"""""alors votre mail, ça a donné quoi?"""""

>> Rien. J'ignore si elle l'a lu, je suppose que oui, tout de même. Mais je sais qu'elle ne répondra pas. Quelques temps avant ce mail, je l'ai appelée : elle s'est montrée froide, dure, vexée en outre que je l'aie boudée pendant une semaine et bien empêtrée dans de nouvelles difficultés. Bref, à la fois proche de moi dans sa colère à mon encontre et éloignée dans ses préoccupations à mille lieues de notre histoire. Elle s'est dite "partagée" quant à la suite à donner à notre relation. Mais il y a des choses qu'on sent. Et je sens qu'il n'y a plus rien, sinon de l'amertume de part et d'autre. J'ai beaucoup pleuré, j'ai failli sombré. Je ne replongerai pas.

Écrit par : Sadamiel | 18.11.2012

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