Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31.10.2012

Mûrir (2)

Mon ami, ne veux-tu donc pas être enfin sevré, et quitter le lait pour te nourrir de viande solide ? Veux-tu encore pleurer et crier après le téton de ta nourrice et regretter les contes et les chansons dont elle t'endormait ? (Epictète, in Entretiens, Livre II, XLII)

J'avais écrit un long texte, hier soir, peut-être intéressant, mais au demeurant fort dramatique. Aujourd'hui, j'en reviens à une plus juste mesure. Le monde est froid et injuste et nous sommes tels des feux follets brillant un instant, avant de disparaître à jamais. Mais au coeur de cette nuit glacée, pointent ici et là quelques heures de jour : une musique, une rencontre, un livre, un moment partagé. Mon problème, s'il en est un, réside dans ce désir que l'obscurité ne tombe pas à nouveau, que la lumière dure, éternellement, comme un gamin qui voudrait que la fête ne s'arrête pas. Il est d'ailleurs assez marquant que notre époque se veuille si obstinément festive, comme l'a analysé ce diable de Philippe Muray. Sans doute suis-je plus actuel que je ne voudrais me le faire croire... Il y a aussi chez moi ce raisonnement en "tout ou rien", idéalisme adolescent : s'il y a des pourris en ce monde, alors c'est le monde entier qui est pourri et il ne sert à rien de se battre pour une quelconque justice, de défendre quelque valeur que ce soit. Accepter enfin que les "montages" (Raymond Ruyer) humains sont imparfaits, bancals, à reprendre sans cesse, parce que toujours en "anticipation osée" sur le réel. Je suis quelqu'un d'intelligent, de très intelligent même (sans forfanterie aucune) et pourtant j'agis stupidement, depuis des années, sacrifiant ma vie sur l'autel de mes exigences névrotiques. Ou d'un caprice cosmique : "J'arrête de respirer tant que les choses ne sont pas exactement telles que je voudrais qu'elles soient !". Une bouffée d'air :

CalvinHobbes0028.jpg

Il est temps que je fasse mon stupide devoir. :-)

Les commentaires sont fermés.